On enterre bien les blockbusters

On enterre bien les blockbusters

J’ai la chance, depuis quelques mois, de pouvoir regarder un nombre assez conséquent de nouveaux films dès leur sortie ou peu de temps après. Ayant un bon fond cinéphile, je considérais au début cette possibilité comme étant une véritable aubaine, mais je tends à reconsidérer cette idée au fur et à mesure que les blockbusters se succèdent.

Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que la plupart des films, et notamment ceux qui alimentent ou relancent une franchise, me semblent atterrant de médiocrité.
Qu’on se comprenne tout de suite : loin de moi l’idée de décortiquer un film pour justifier qu’il est mauvais à grand renfort de petites incohérences mineures ; ce n’est malheureusement pas de ça dont on parle, mais bien de fautes a priori plus importantes, comme l’absence de scénario, le non-respect de personnages ou de background (dans le cas de franchise pré-existante), ce genre de chose.
De même, je ne crois pas non plus faire de l’élitisme radical dans mes goûts cinématographique : rien de tel qu’un bon vieux blockbuster sans prétention, un western avec Clint Eastwood ou encore un film d’action dans lequel Statham met du bourre-pif à tout-va, pour passer en moment agréable (ce qui me semble être l’objectif premier d’un film de divertissement selon moi). Je ne veux donc pas dénigrer trivialement les films de la plèbe.

Mais voilà, on dira ce qu’on voudra, force est d’avouer que les gros films attendus en 2012 se sont révélés être, pour la plupart, des gros navets plats et insipides.
Petit tour d’horizon.

Prometheus

Fans de la cultissime franchise Alien, admirateurs de Giger, passez votre chemin. Prometheus, si on doit n’en retenir que les bons côtés, se résume à quelques jolies images. Deux ou trois posters pour décorer une chambre en somme. Tout le reste est d’un râté incommensurable, depuis l’enchaînement difficilement cohérent de scènes maladroites à un jeu d’acteur qui ne permet pas de justifier un cachet plus important qu’un mois de SMIC. On essaie, avec toute l’empathie qu’on peut avoir face à un tel désastre, de croire aux liens ténus, esquissés dans les dernières scènes, avec le premier Alien, jusqu’à ce que le film, de lui-même, finisse d’effacer toute trace de crédibilité du scénario dans son final rédhibitoire qui sonne le glas d’un monument du 7e art.

The Avenger

On est d’accord que les films Marvel ne sont pas exactement reconnus pour leur subtilité, au contraire ; et que dans un sens c’est pour ça qu’on les aime bien. Iron Man, Hulk, c’est pas prise de tête, on tourne un peu en rond sur les vannes, c’est prévisible, donc on pose le cerveau et on regarde en souriant béatement.
Mais dans le cas de The Avenger, c’est juste trop. Chaque scène amène son lot de too much, on a beau faire tous les efforts du monde, on est simplement atterré devant toute cette stupidité crasse que même les courbes (d’habitude si prenantes) de Scarlett Johansson n’arrivent pas à cacher.

The Dark Knight Rises

Batman Begins était tout juste potable, tandis que The Dark Night était superbe… que nous réservait Nolan pour son dernier opus ? Du très mauvais. Tous les clichés les plus navrant des films d’actions (la merveille technologique en plein milieu d’une ville qui devient une bombe surpuissante lorsqu’on lui scotche une lampe torche dessus, le prodigueur de conseil « mais ce qui compte, monsieur Bruce, c’est que vous soyez heureux ! Laisser crever les 10 millions d’habitants de Gotham et allez plutôt prendre un café à Naples ! », le héros qui se sort en une semaine d’une situation inextricable malgré une colonne vertébrale en vrac grâce à l’aide d’un vieux gourou qui passait là par hasard, la méchante qui fait durer jusqu’à l’épuisement son monologue « aaaha je suis méchante et tu ne le savais même pas alors je vais t’expliquer toute ma vie de méchante et comment je vais me venger des horribles choses que tu m’as faite subir totalement inconsciemment ! » pour déclencher le détonateur à la fraction de seconde après le désamorçage de la bombe, etc. etc.) concentrés en un peu moins de 3h, c’est beaucoup trop dense pour éviter l’indigestion. Je vous laisse donc choisir entre la diarrhée et le vomissement pour purger ce mauvais moment.

Skyfall

Aaah… Violer James Bond puis le présenter comme un des meilleurs de la série. Beaucoup de réalisateurs ont dû en rêver, Sam Mendes l’a fait. Peut-être (peut-être) que le film paye un peu pour ses (trop) nombreuses critiques élogieuses. Au final, la montagne accouche d’une souris à la Séralini, et c’est pas parce qu’on se retrouve dans les tourbières vaguement ésotériques d’Écosse qu’on oublie les critères de cohérence minimum d’un scénario.
Big up aussi pour la James Bond Girl (ou en tout cas celle présentée comme telle), qui explose tous les records d’inutilité, bien aidée pour cela, il est vrai, par un bon one-shot à l’ancienne dans la trogne, au bout d’à peine 1h ! Film à petit budget apparemment, puiqu’on pouvait visiblement pas se payer Bérénice Marlohe plus de 20min à l’écran.

The Amazing Spider-Man

Avec la  fin de la sage Twilight, il y a tout un marché de pré-pubères à capter et Marvel compte bien s’en tailler une part ! The Amazing Spider-Man commence mal (héros vs douche bag, du grand réchauffé), continue pauvrement (« si si je prends de la drogue et c’est de la science »), et termine en eau de boudin. Heureusement, n’ayant pas dû supporter cette très mauvaise tambouille sur une toile, j’ai pu user (abuser) de l’avance rapide. Une bien maigre consolation.

The Bourne Legacy

Ce film aurait aussi bien pu être The Gandalf Legacy, tellement le rapport avec les Bournes originaux n’existe que pour ramener leur public dans les salles. On a en gros un film avec de temps en temps des bandeaux pas subtils « FRANCHISE BOURNE – Mais si ya un rapport, regardez : à côté on voit Treadstone ! ». Pas franchement convaincant, surtout quand le film en lui-même n’a rien de bon. On peut tout de même lui reconnaître qu’il n’est pas non plus totalement mauvais, si on ferme les yeux sur toute la partie pseudo-scientifique (si on dort quoi). C’est un bon point, lorsqu’on considère d’autres navets beaucoup trop bruyants pour donner l’opportunité au spectateur de piquer un petit somme réparateur…

Tiens d’ailleurs, j’en profite : bordel mais est-ce qu’à un moment les scénaristes vont enfin avoir la décence de demander leur avis à des pros quand ils écrivent leurs bousins ?
Parce que dans la plupart des films du genre blockbuster, on a toujours des tonnes d’éléments scientifiques et technologiques, tant dans l’histoire que dans le décor, pour faire genre « mais si c’est parfaitement logique » et « t’as vu comme je suis trop hype, je sais faire une phrase avec le mot algorithme », et pourtant jamais – JAMAIS – on n’arrive à y croire, tellement c’est perché. Et c’est pas parce qu’on va me gaver de 3D ou d’effets spéciaux que ça passera mieux : non, un hologramme ne peut pas appuyer sur des boutons, non, un porte-avion aérien (déjà en soi : wtf?) invisible n’est à aucun moment furtif si on le fait voler avec des hélices ou si tout simplement on ne limite pas le bruit, non, même le plus inconscients des imbéciles ne branchera jamais l’ordinateur d’un gars qui peut hacker le MI6 sur son intranet (lui-même directement relié au réseau SCADA apparemment), etc. etc.
Alors sérieusement, s’il y a des scénaristes qui me lisent, pour les passages qui sont pas dans vos cordes (et visiblement il y en a !) appelez un pote qui s’y connaît, il fera sûrement ça gratis et vous aurez la reconnaissance de millions de spectateurs qui auront enfin l’impression de pas être pris pour des demeurés complets.

Bon, je n’ai pas parlé de tous les films que j’ai vu – comme Blanche-Neige et le Chasseur, Abraham Lincoln chasseur de vampires (celui-là, rien que le titre tient de la blague internationale, même les pornos ont des affiches plus crédibles), ou The Expendables 2 – qui sont clairement des comédies et réussissent un carton plein en nous faisant marrer de bout en bout.
Je ne suis pas non plus trop rentré dans les détails, laissant ça à des personnes bien plus pertinentes que moi dans ce domaine.
Un constat reste donc, celui que les films actuels sont franchement pas géniaux… Et l’avenir semble bien sombre, avec des films comme Looper, qui sent le foireux rien qu’à la bande annonce (edit : après l’avoir vu, on peut confirmer qu’il est vraiment foireux), ou encore The Hobbit avant la fin de l’année, qui à mon avis va finir d’enterrer ce pauvre Tolkien, et surtout, la reprise annoncée des Star Wars, version Disney… Un bien mauvais scénario IRL, basé sur une exploitation sans aucune pudeur de franchises originellement pas si mauvaises.

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